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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 07:31

Bernard Lecomte, Gorbatchev, Perrin, 2014.

L'homme de la perestroïka

Il y a quelques semaines des députés russes ont proposé de traduire devant les tribunaux du pays Mikhail Gorbatchev. Son crime ? Avoir mis fin à l'existence de l'URSS. Cette accusation est totalement fausse car, comme le montre Bernard Lecomte dans sa biographie du dernier dirigeant de l'URSS, Gorbatchev fut jusqu'au bout un défenseur acharné du maintien de l'Union soviétique. C'est le parcours de cet homme, un communiste convaincu qui paradoxalement présida à la fin du communisme en Europe, que livre le journaliste Bernard Lecomte.

 

Cette biographie, d'une facture classique, suit les différentes étapes de la carrière de Gorbatchev. Né dans une famille de paysans dont le père, communiste convaincu, fit la chasse aux koulaks tandis que le grand-père fut déporté, le futur dirigeant de l'URSS, bon élève, est remarqué et obtient le droit de faire ses études universitaires à Moscou. C'est dans la capitale qu'il fait la rencontre de sa femme, Raïssa, une intellectuelle qui s’intéresse à l'ethnologie et l'ouvre à la culture.

 

A la fin de ses études, le Parti l'envoie dans sa région natale, à Stavropol, en tant que jeune cadre du Komsomol. Dynamique, efficace, il monte rapidement dans la hiérarchie locale et devient premier secrétaire du district de Stavropol. Ce district étant un lieu de cure apprécié par les dirigeants soviétiques, le jeune Gorbatchev croise de nombreux dignitaires, dont Iouri Andropov, le puissant chef du KGB, qui le remarque et le fait monter à Moscou.

 

Avec le soutien d'Andropov, Gorbatchev gravit dans les années 1970 tout les échelons de la direction communiste et entre au comité central en 1978. Quand Andropov succède à Brejnev, Gorbatchev apparaît comme son dauphin naturel. Mais il doit céder la place à Tchernenko à la mort de son mentor. En mars 1985 Gorbatchev devient le secrétaire général du PCUS. Sa jeunesse, sa volonté d'aller au contact de la population lui assure rapidement une grande popularité. Il lance rapidement, la perestroïka, une politique de réforme, qui doit sortir l'URSS du marasme économique et de la gabegie. Afin de combattre les résistances de l'appareil il lance peu après la glasnost qui se traduit par un accroissement de la liberté d'expression notamment pour la presse.

 

Ce nouveau cours suscitent débats, enthousiasmes et craintes au sein du PCUS. Face aux conservateurs apparaît une fange du Parti qui souhaite aller plus loin et plus vite dans les réformes et dont Boris Eltsine devient le symbole. Gorbatchev, au centre, doit louvoyer entre ses forces opposées. Si la politique internationale soviétique connaît des succès et redore l'image de l'URSS dans le monde, la situation intérieure tend à se dégrader. Alors que les luttes de fractions s'exacerbent au sein du PCUS et que les forces centrifuges de l'Empire soviétique se réveillent, Gorbatchev cherche à concentrer les pouvoirs afin de garder la situation en main et se fait élire président de l'URSS.

 

En 1989, le glacis soviétique en Europe de l'Est s'effondre tandis que la montée des nationalismes désagrège peu à peu l'URSS. Gorbatchev perd peu à peu la main face à ces opposants, notamment Eltsine. Le coup d’État d’août 1991, un putsch raté des conservateurs, scelle le destin de Gorbatchev qui assiste impuissant à l'éclatement de l'URSS tandis que le PCUS est dissous. Isolé, oublié, il quitte le pouvoir le lendemain du jour où le drapeau rouge laisse la place au drapeau russe sur les coupoles du Kremlin.

 

D'une lecture facile, riche en informations, ce portrait, qui n'est ni à charge, ni à décharge, permet de revivre l'effondrement de l'URSS. Au final le lecteur ne peut être que fasciné par le destin de Gorbatchev, ce communiste convaincu qui voulait réformer l'URSS afin qu'elle puisse continuer à exister, et qui, en vérité, précipita sa disparition. Retenons pour terminer que face à la débâcle de l'Empire soviétique, Gorbatchev eut la sagesse de ne jamais utiliser la force. Pour cela, malgré son échec politique, il mérite amplement sa place parmi les grands hommes du siècle passé.

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9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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