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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 10:29

Max Boot, Invisible Armies: An Epic History of Guerilla Warfare from Ancient Times to the Present, WW Norton and Co, 2013.

 

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Le livre de Max Boot se donne un objectif si ambitieux qu'il suscite d'abord une certaine méfiance. L'auteur, historien militaire américain de tendance néo-conservatrice, se donne en effet pour but de décrire l'évolution de la guérilla et du terrorisme sur prés de 5 000 ans, le récit débutant dans l'empire akkadien 22 siècle avant notre ère. Il ne faut donc pas moins de 784 pages et 60 chapitres à l'auteur pour relever, avec succès, le pari. Le style clair de Max Boot qui écrit son livre comme un roman n'est pas pour rien dans cette réussite.


L'ouvrage débute par une tentative de définir ce qu'est le terrorisme et la guérilla, tentative qui est, avouons-le, peu concluante. Divisé en neuf parties le livre s'attarde successivement sur les origines de la guérilla, l'action des révolutionnaires du XVIIIe siècle, les guérillas sous l'Empire napoléonien, l'apparition du terrorisme moderne, les guérillas des deux guerres mondiales, la décolonisation, le terrorisme gauchiste et enfin la montée de l'islamisme radical. Boot utilise de nombreux exemples historiques pour appuyer sa thèse qui postule que la guérilla est un phénomène plus répandu et plus important dans l'histoire qu'on ne le croit généralement. L'auteur remarque ainsi que l'empire d'Alexandre, celui de Darius ou encore l'Empire romain ont affrontés des formes de guérilla utilisant des forces plus petites et plus agiles. Chaque pays a ainsi dans son histoire soutenu ou combattu des guérillas et des forces terroristes. Si les guérillas qu'affrontent les Assyriens et les Romains permettent de jeter un nouveaux regards sur la guerre antique, l'action des Viet Cong, des Moudjahidin en Afghanistan, du Hezbollah libanais ou du M26 de Fidel Castro n'est pas non plus oubliée.


Le livre est bien documenté et montre la difficulté à faire face au phénomène de guérilla. Mais il n'est pas exempt de critiques comme l'attention trop grande apportée aux événements récents. Ainsi les révoltes juives contre Rome ou les guérillas en Asie centrale contre Alexandre ne sont l'objet que de quelques pages alors que la lutte des Afghans contre les Soviétiques ou l'insurrection irakienne sont décrites avec un luxe de détails.


Un dernier chapitre cherche à dresser un bilan de cette histoire de la guérilla. Si le propos n'est pas ici original Max Boot fournit avec cet ouvrage la première somme qui essaye de rendre compte de l'évolution du terrorisme et de la guérilla à travers un récit convaincant et bien étayé. Le lecteur apprend ainsi que pour une guérilla l'essentiel n'est pas de gagner des batailles militaires mais de remporter la lutte politique et cette dernière a pris depuis 1945 une part croissante dans la conclusion des conflits. Boot montre ainsi que que si de 1775 à 1945 seulement un quart des guérillas sont parvenues à atteindre les buts qu'elles s'étaient données, depuis 1945 ce taux de réussite à progressé de 40%. L'importance croissante de l'opinion publique dans des démocraties où la notion de droit international est fondamentale sape en effet la volonté des États engagés dans des conflits contre-insurrectionnels.


Voici donc une excellente synthèse, claire, agréable à lire et qui colle particulièrement à l'actualité et à l'air du temps dans le domaine des études militaires.

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communismeetconflits - dans Général
22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 09:05

Archie Brown, The Rise and Fall of Communism, Harper Collins, 2009.

 

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Archie Brown est un éminent historien britannique, professeur à Oxford,  spécialiste du communisme qui allie à une connaissance précise des sources et de la littérature sur le sujet une expérience directe de ce dernier grâce à de nombreux voyages au delà du rideau de fer avant 1989. Le livre présenté ici apparaît donc comme la grande synthèse qui couronne une longue et brillante carrière.


L'Union soviétique tient une place centrale dans le livre de Brown, pas seulement parce qu'elle fut le premier pays communiste du monde mais surtout à cause sa puissance et de sa capacité à imposer sa volonté et son système. La figure humaine centrale du livre est Staline puisque les fondements du régime qu'il met en place perdurent jusqu'au milieu des années 1980. Staline a en effet affermis un système totalitaire que Brown prend d'ailleurs soin de distinguer du communisme. Poser ce distinguo est bien tout comme il est correct de montrer que l'idéologie du parti unique ne peut s'imposer sans coercition.


Si la description du régime stalinien est brève elle est néanmoins précise. Elle permet surtout de comprendre la brutalité qui s'abat sur les pays d'Europe de l'Est puisque Staline use des mêmes procédés contre son peuple et ses camarades. Malgré la dénonciation des crimes staliniens par Khrouchtchev le soulèvement hongrois est écrasé par la force en 1956 et la politique étrangère soviétique conduit le monde au bord de la guerre nucléaire en 1962. Quand Brejnev prend le pouvoir en 1964 il comprend que pour maintenir le régime en place il doit avant tout défendre l'héritage stalinien. Ainsi en Tchécoslovaquie en 1968 puis et en Pologne en 1980 l'usage de la force prévaut.


Le livre de Brown offre également une analyse précise du communisme chinois et explique pourquoi, malgré l'apparence d'une société capitaliste, la Chine reste toujours un pays communiste. Concernant Cuba, Brown montre à la fois la corruption du régime de Batista et les énormes progrès apportés par le régime castriste dans le domaine de la santé publique mais aussi l'absence de libertés et la pauvreté endémique de l’île. Il réussit le tour de force, en prés de 600 pages, à écrire l'histoire d'un mouvement politique qui tout au long du XXe siècle embrasse tant de pays, de cultures et de peuples et parvient ainsi avec un certain sens de la mesure à décrire avec justesse les différentes formes de communisme.


L'admiration de Brown pour Gorbatchev ne l’empêche pas de montrer ses erreurs et de fournir une analyse lucide des facteurs politiques et économiques qui conduisent à la chute du communisme et de l'URSS. C'est avant tout l'optimisme excessif des réformateurs qui conduisit à la catastrophe. Ce n'est donc pas Reagan, Jean-Paul II ou le programme de la guerre des étoiles qui entraînèrent la chute du communiste mais les dirigeants soviétiques eux-mêmes.


Voici donc une grande synthèse, riche en informations et agréable à lire. Une excellente plongée dans un monde aujourd’hui disparu mais qui domina le siècle dernier.

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communismeetconflits - dans Général

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GuideICSerge Wolikow, Alexandre Courban, David François, Christian Oppetit, Guide des archives de l'Internationale communiste, 1919-1943, Archives nationales-MSH Dijon, Paris-Dijon, 2009. 

9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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