Victor Kamenir, The Bloody Triangle: The Defeat of Soviet Armor in the Ukraine, June 1941, Zenith Press, 2009.
La littérature consacrée à l'opération Barbarossa connaît une inflation galopante, du moins dans la langue de Shakespeare puisqu'en français rien ne point à l'horizon. Parmi les différents titres parus ces dernières années et où se remarque entre autres le travail de David Stahel, les historiens russes ne sont pas les plus négligeables. Parmi les ouvrages qui viennent de Russie et dont seul un petit nombre sont traduits en anglais citons celui de Victor Kamenir qui traite des combats dans le sud de la Russie entre la fin juin et le début de juillet 1941.
L'auteur se penche en particulier sur le corps mécanisé du district militaire spécial de Kiev qui comprend les 8e, 9e, 15e, 19e et 22e divisons. Il analyse les forces et faiblesses de cette unité ce qui permet ce mieux comprendre la nature des combats lors de l'opération Barbarossa.
L'ouvrage contribue a expliquer ce qui est arrivé à l'armée rouge à l'été 1941. Il montre surtout la formidable résistance des troupes soviétiques qui infligent de sévères pertes aux forces allemandes. Loin de s'effondrer rapidement certaines unités comme la 1ere brigade antichar ou le groupe de combat Lukin organisent des pôles de résistance tenace. La percée des hommes du commissaire Popel à travers les lignes allemandes a Dubno, qui affecte l'avance de la Werhmacht dans le sud de la Russie est décrite en détail. L'auteur montre également que le manque de communication entre les unités soviétiques joue un rôle important. Ainsi le 8e corps mécanisé doit parcourir des centaines de kilomètres avant d'engager le combat car il est déplacé d'un endroit à l'autre dans une confusion totale. Différentes instances de commandements donnent des ordres contradictoires qui provoquent le chaos.
Si l'angle d'approche de l'ouvrage est pertinent ce livre souffre néanmoins d'un défaut rédhibitoire. L'auteur signale rarement ses sources. Quand il le fait c'est de manière si succincte que le lecteur est incapable de l'identifier correctement. Sinon il est impossible de savoir d'où proviennent les données, souvent intéressantes, qui nourrissent le texte. Le lecteur qui s'intéresse au front de l'Est peut lire cet ouvrage avec profit, d'autant qu'en focalisant son attention sur les corps mécanisés il donne à voir ce que seront les opérations de l'armée soviétique durant le reste de la guerre. Mais sans citer les sources utilisées, ce livre forme une impasse pour ceux qui voudraient initier de nouvelles recherches ou simplement assouvir leur curiosité.