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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 07:49

L'Amiral, film russe d'Andreï Kravchouk, 2008, 120 mn.

 

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L'Amiral est un film original par le sujet qu'il traite, la vie de l'amiral Alexandre Koltchak, l'homme qui gouverna la Sibérie et fut l'un des principaux chefs de l'armée blanche opposée aux troupes soviétiques de Lénine et Trotski. Tourné en 2008, ce film s'inscrit dans la série des superproductions qui depuis une dizaine d'années, avec l'arrivée de Poutine au pouvoir, revisite l'histoire de la Russie selon des méthodes éprouvées alliant grand spectacle et histoire d'amour impossible. L'Amiral est donc une fresque romanesque sur fond de guerre civile entre rouges et blancs.


Le film a été largement financé par le ministère de la Culture russe et se caractérise donc par son ton patriotique et sa volonté de revisiter la figure de Koltchak. Ce dernier est donc présenté comme un soldat droit, courageux et honnête qui sacrifie par devoir sa famille et sa vie pour le salut de la Russie éternelle. L'amiral Koltchak qui fut pendant 70 ans présenté comme l'archétype du Mal par la propagande soviétique est donc ici pleinement réhabilité, même trop, puisque le film ne parle jamais des idées politiques et des motifs qui le poussent à agir. D'ailleurs le spectateur a dû mal à comprendre la succession des événements qui marquent la vie de Koltchak, notamment après la Révolution d'Octobre. Rien n'est dit sur la façon dont il arrive au pouvoir en Sibérie, son action politique et militaire et le spectateur assiste à sa chute sans bien en comprendre les raisons et les circonstances. En résumé rien ne permet dans ce film de mieux appréhender le contexte historique et celui qui, par hasard ne connaît rien à la guerre civile russe n'en saura pas plus après l'avoir vu.


Autre défaut: la narration est largement manichéenne. Les révolutionnaires sont incarnés par des personnages peu sympathiques qui ne parviennent à entraîner les simples soldats dans la révolution que par le recours à l'intimidation. Même distorsion quand il s'agit de traiter des massacres, et ils furent nombreux, qui marquent la guerre civile. Ceux montrés à l'écran : la chasse et l'exécution des officiers ne sont que le fait des bolcheviks et aucune scène ne montre les atrocités, elles aussi bien réels, dont se rendent coupables les des forces blanches commandées par Koltchak.


Le film a malgré tour l'avantage de souligner en creux les piètres qualités de stratège de Koltchak qui semble au final n'être qu'un jouet aux mains des hommes de la Légion tchécoslovaque et des militaires alliés, représentés ici par le général français Janin (Richard Bohringer à l'écran). Le film ne présente qu'un seul militaire russe d'envergure qui remporte des succès contre l'armée rouge en la personne du général Kappel qui essaye désespérément de sauver l'armée blanche et la vie de l'amiral Koltchak.


L'Amiral a ses bons cotés puisqu'il débute avec un spectaculaire combat naval dans la Baltique entre des bâtiments russes et allemands au milieu des mines sous-marines. Les scènes de combat sont assez impressionnantes et l'immersion du spectateur dans l'action est totale. Pourtant le film, sur la longueur, est plus un film dramatique autour d'une intrigue amoureuse qu'un film de guerre. La romance, véridique sur le plan historique, entre Koltchak et Anna Timiriova est sans originalité, assez mièvre et plutôt ennuyeuse. Elle phagocyte l'ensemble du film où la guerre civile ne devient plus qu'un décor, un arrière-fond permettant de montrer quelques scènes d'action mais guère plus.

 

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Published by communismeetconflits - dans Guerre civile russe.

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9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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