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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 16:43

Jean-Marie Augustin, Le Plan Bleu, 1947 un complot contre la République, Geste éditions, 2006.

1947, le Plan Bleu

L’année 1947 est celle de l’entrée de plain-pied de la France dans la Guerre froide. Dans un climat de crise économique et de rationnement, le socialiste Paul Ramadier chasse les ministres communistes du gouvernement en mai. La tension sociale et politique est à son comble avec la grève à Renault en avril, puis les grèves de novembre où des émeutes éclatent notamment à Marseille et Saint-Étienne. Pour beaucoup, la France est sur le point de connaître une révolution communiste à l’image de ce qui se passe en Europe de l’Est.

 

C’est dans ce contexte que Depreux, ministre socialiste de l’Intérieur, révèle le 30 juin 1947 la découverte d’un complot d’extrême-droite visant à renverser le régime. Selon le ministre, les initiateurs du Plan bleu visaient à s’emparer de la Bretagne avec l’aide d’officiers et de gendarmes puis d’isoler Paris avec l’aide d’une colonne militaire venant des forces françaises en Allemagne. Une fois au pouvoir les conspirateurs mettraient en place un directoire qui devrait abroger la Constitution de 1947, dissoudre le PCF, suspendre les partis politiques, établir la censure, interdire les grèves et réunions publiques.

 

Rapidement, la presse se rend compte de l’inconsistance du complot qui ressemble plus à une escroquerie qu’à une menace réelle pour la République. À l’origine du Plan bleu se trouve un certain Aurouet dit de Mervelce, aventurier et mythomane, qui profite de la peur du communisme pour essayer de soutirer de l’argent à de riches donateurs comme les producteurs de Champagne, les patrons de la sidérurgie lorraine ou la direction de Michelin. Pour apporter un semblant de crédit à ces propos, notre escroc élabore un plan d’action qu’il conserve dans une pochette de couleur bleue.

 

L’amateurisme d’Aurouet ne l’aide pas à convaincre les éventuels bailleurs de fonds mais il parvient à rassembler autour de lui quelques exaltés de la lutte anticommuniste comme le baron Vulpian. Il agrège aussi quelques organisations anticommunistes locales comme le MAC (mouvement anticommuniste) à Chamalière ou l’AFL (armée française loyale) dans la région de Montbéliard. Au final, 46 inculpés sont jugés en janvier 1949 à Paris.

 

L’auteur, s’appuyant sur des archives, démontre que ce complot, qui n’est rien d’autre qu’une escroquerie, se transforme en affaire politique par la volonté d’un gouvernement qui après avoir chassé les communistes du pouvoir frappe à droite pour rassembler la coalition parlementaire qui le soutient. On est donc bien loin des suppositions de certains auteurs qui voient dans le Plan bleu l’émergence d’un réseau stay-behind, un Gladio français, organisé par la CIA et le MI6 pour mener une « stratégie de la tension » en France.

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communismeetconflits - dans Anticommunisme Complot 4e République

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9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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