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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 08:41

Édith Thomas, Rossel, Gallimard, coll. Leurs Figures, Paris, 1967.

 

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Voici une biographie à l'ancienne écrite à une époque où ce genre était largement décrié et méprisé. Mais l'ouvrage d'Édith Thomas, par son sujet, par son talent d'écriture et par la mobilisation de sources inédites utilisées est un outil indispensable pour connaître l'histoire militaire de la Commune de Paris à travers le parcours de l'un des rares officiers de carrières à s'être mis à son service.


La vie de Louis-Nathaniel Rossel se partage en deux de part et d'autres de l'année 1870. Et le livre d'Édith Thomas reprend cette division en traitant d'abord la vie privée de Rossel, avant 1870 puis sa vie publique, en 1870-1871, où il entre dans l'Histoire.


La vie de Rossel avant 1870 est particulièrement bien connue par le biais des archives conservées par la famille de Rossel qui, après la publication de l'ouvrage, seront donnés aux Archives nationales dont Édith Thomas est alors l'une des responsables. Le lecteur suit l'enfance et la jeunesse de Rossel, élevé dans une famille protestante à la fois originaire des Cévennes par le père et d'Angleterre par la mère. Fils d'un militaire de tendance libérale, le jeune Rossel parcourt la France au gré des affections de son père: Saint-Brieuc, Mâcon, Nîmes avant d'entrer au Prytanée militaire de La Flèche en 1855. Puis il entre en 1862 à l'école Polytechnique dont il sort officier du génie. Mais comme le montre Édith Thomas, Rossel n'apprécie guère le milieu militaire et durant ses études à La Flèche il n'a cessé de détester les adjudants chargés de l'encadrement.


En service, la vie de garnison est ennuyeuse pour Rossel qui ne cesse alors de s'intéresser, en autodidacte, à différents sujets dont la philologie mais également l'histoire. En 1868 alors qu'il est en garnison à Metz il participe aux actions de la Ligue de l'Enseignement de Jean Macé. Rossel est un bon officier, bien noté et apprécié par ses chefs et ses camarades. Cette première partie de l'ouvrage dresse ainsi le portrait d'une famille de militaires et la vie d'un jeune officier sous le Second Empire partagée entre un travail administratif routinier et les mondanités de la vie de province.


La seconde partie de l'ouvrage s'ouvre avec la déclaration de guerre d'aout 1870. Rossel qui est alors en garnison à Tours, menace de démissionner s'il n'est pas envoyé dans la zone des combats. Il obtient satisfaction et rejoint l'armée de Bazaine à Metz. Lors du siège de la ville il mesure l'incapacité et la trahison des généraux. Il parvient à fuir la ville pour éviter la capture au moment de la reddition de la ville. Rossel rejoint alors le gouvernement de la Défense nationale pour se mettre au service de Gambetta et prêcher la résistance à l'envahisseur. Il part d'abord dans le Nord pour faire un rapport sur l'état de l'armée. De retour à Tours il est envoyé au camps de Nevers avec le grade de colonel. Mais à ce moment, le camps de la paix, qui a remporté les élections législatives, prend le dessus au sein du gouvernement et Gambetta démissionne.


Quand il apprend que Paris s'est soulevé contre le gouvernement Thiers, Rossel y voit le signe d'une possible reprise des hostilités contre l'Allemagne. Il décide alors de rejoindre la Commune après avoir bruyamment démissionné de l'armée. Le 22 mars il devient chef de la 17° légion de fédérés puis le 3 avril chef d'état-major de la Commune. Il estime que Paris doit d'abord organiser une véritable armée reposant sur une hiérarchie et une discipline stricte pour vaincre les troupes de Versailles. Il doit faire face à l'indiscipline des troupes, à l'inexpérience d'officiers élus, aux empiétements des diverses factions communardes. Sa nomination au poste de délégué à la guerre ne lui permet pas de redresser la situation et il donne sa démission. Proscrit, il se cache dans un appartement de Paris et assiste de sa fenêtre à la Semaine sanglante. Édith Thomas retrace ici dans le détail l'histoire de l'armée communarde et de son incapacité à se transformer en outil militaire efficace.


Rossel est arrêté début juin par les Versaillais. Jugé à deux reprises il est condamné à mort. Malgré les nombreuses demandes de grâce, le président Thiers refuse la clémence car selon lui il faut faire un exemple et Rossel et l'un des rares officiers d'active à avoir rejoint l'insurrection. Rossel est fusillé à Satory le 28 novembre 1871.


A travers le destin de Rossel, tel que le raconte Édith Thomas, se devine les tensions que vont entretenir par la suite les mouvements révolutionnaires avec la question militaire, notamment sur la nécessité de former un outil militaire classique, gage d'efficacité, mais aux dépens des principes révolutionnaires. Le lecteur songe alors que, peut être, Trotski, grand connaisseur de l'histoire révolutionnaire française, a su tirer les leçons de l'échec de Rossel en 1871 parvenir à bâtir l'Armée rouge victorieuse de 1918-1920.

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communismeetconflits - dans Communisme français
22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 15:19

Stalingrad-Evzerikhin.jpg

Depuis le 15 janvier le forum des Savoirs de la Maison des sciences de l'Homme de Dijon (batimet de la MSH sur le campus universitaire de Dijon) est le lieu d'une exposition intitulée "Il y a 70 ans Stalingrad: un tournant de la guerre". Cette dernière est le fruit d'un partenariat entre la MSH de Dijon, le Centre Georges Chevrier, l'ARORM et l'Association Bourgogne-Eurcasie. Elle vise non seulement à retracer la bataille et ses atrocités, mais aussi à mesurer les effets induits de la défaite allemande qui participe au tournant de la Seconde Guerre mondiale. L’espoir renaît au sein des forces qui résistent à la domination nazie. Les Alliés peuvent également attaquer les puissances de l’Axe sur plusieurs fronts à l’échelle mondiale.

 

La page web du Centre Georges Chevrier consacrée à cette exposition permet d'écouter la conférence faite lors de l'inauguration de l'exposition, en présence d'un représentant de l'ambassade de Russie en France, par le professeur Serge Wolikow de l'Université de Bourgogne sur l'impact de la bataille de Stalingrad en France et dans le monde.


Cette exposition, qui devait fermer ses portes le 25 janvier est prolongée jusqu'au 30 janvier. A voir !

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communismeetconflits - dans Divers
22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 09:16

Michael Kellogg, The Russian Roots of Nazism : White Emigre and the Making of National Socialism, 1917-1945, Cambridge University Press, Cambridge, 2005.

 

The Russian Roots of Nazism

Le livre de Michael Kellogg est ambitieux puisqu'il vise à réécrire l'histoire des origines intellectuelles du national-socialisme. Il se concentre sur les liens intellectuels mais également militants qu'entretient le jeune mouvement nazi avec certains émigrés russes à Munich entre 1919 et 1923. Pour lui c'est par le biais de ces Russes qu'Hitler a hérité du concept de judeo-bolchevisme ainsi que de sa vision apocalyptique des destinées du monde. Le rôle joué par les émigrés blancs dans la genèse du nazisme n'est pas une nouveauté historiographique puisque au moment de la célèbre Historikerstreit, « querelle des historiens », ce lien est pour Nolte le « nexus causal » entre le bolchevisme et le nazisme.


Pour Michael Kellogg l'occupation de l'Ukraine et des pays baltes par l'Allemagne impériale durant la Première guerre mondiale permet d'établir des contacts directs entre l'extrême-droite allemande la frange radicale du mouvement blanc qui partage de concert une vision antilibérale et antisémite du monde. C'est par ce biais que dès 1919, les Protocoles des Sages de Sion, un faux antisémite élaboré en Russie arrivent en Allemagne où il est publié. Les hommes qui assurent ce transfert idéologique ont pour nom Max von Scheubner-Richter, Biskupskii, Bermondt-Avalov, Poltavets-Ostranitsa, Kursell, Rosenberg ou Schickedanz, certains, comme Alfred Rosenberg, sont des Allemands originaires des pays baltes. Ils ont en commun de graviter au début des années 1920 autour d'un cercle secret nommé Aufbau qui apporte un soutien idéologique et financier au mouvement nazi.


Si la coopération entre Hitler les les Russes blancs décroît après l'échec du putsch de 1923 des contacts sont maintenus et les émigrés blancs s'intègrent dans la machine nazie après 1933 avant que leur poids ne prennent plus d'importance à partir de 1941.


L'originalité du livre de Kellogg est de vouloir inscrire l'émergence du phénomène nazi dans la crise de civilisation qui touche l'Europe à la suite de la Grande Guerre et de la vague révolutionnaire qui lui succède. L'auteur rappelle que le sentiment antilibéral, antibolchevik et antisémite est alors largement partagé en Europe centrale, particulièrement en Hongrie où le groupe Aufbau à des attaches. L'élaboration du concept de judeo-bolchevisme doit énormément à l'influence des Russes blancs comme le montre avec force Michael Kellogg.


S'appuyant sur des dossiers majoritairement issus des archives militaires russes du RGVA et des archives allemandes il prouve de manière forte la collaboration entre militants de l'extrême-droite allemande et russe. L'auteur relate ainsi le voyage qu'effectuent des membres de Aufbau et des proches d'Hitler en Crimée à l'été 1920 pour établir les bases d'une collaboration économique et militaire avec les troupes blanches du général Wrangel avec le soutien de la Hongrie de l’amiral Horthy. Le projet échoue à la suite de l'offensive soviétique qui oblige les blancs à évacuer la Crimée.


Pourtant l'ouvrage a des limites. Il n'est jamais question des relations ambiguës qui s'établissent à certains moments entre l'extrême-droite allemande et les Soviétiques, notamment en 1923 autour de la figure de Schlageter. Et surtout, alors que Kellogg insiste sur la profonde influence des émigrés blancs sur Hitler, il ne donne pas une explication convaincante sur le fait que ce dernier développe rapidement l'idée de la nécessité du Lebensraum, c'est à dire de la colonisation de la Russie et de la destruction ou la mise en esclavage des habitants slaves alors que ces mentors russes sont des partisans de la restauration d'une Russie forte. Autre bémol, si les puissances occidentales ne se risquent pas à se lancer dans des opérations militaires contre l'Union soviétique après 1920, ce n'est pas, comme Kellogg le laisse entendre, du fait des divisions au sein de l'émigration russe blanche.


Malgré ces critiques le livre de Kellogg est une mine d'informations pour mieux comprendre le choc que fut la Révolution russe en Europe et cela non seulement à gauche avec l'apparition du mouvement communiste mais également à droite. Si l'exemple allemand est au cœur du livre de Kellogg, il ne faut pas oublier que c'est en mars 1919, alors que la Bavière et la Hongrie sont des Républiques des Conseils, qu'à Milan Mussolini fonde les Faisceaux.

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communismeetconflits - dans Notes de lecture
21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 09:13

José Gotovitch, Du communiste et des communistes en Belgique. Approches critiques, Aden, Bruxelles, 2012.

 

C1 Gotovitch

José Gotovitch, professeur à l'Université libre de Bruxelles, est sans conteste le meilleur spécialiste de l'histoire du communisme belge. Son livre, qui rassemble quelques-unes de ces études sur le sujet, constitue un pas important dans la voie d'une meilleure connaissance du phénomène communiste en Belgique.


L'ouvrage est construit en quatre parties, les rapports avec l'Internationale communiste et les partis frères, le rôle du Parti communiste comme acteur politique, social et culturel, l'action des communistes belges durant la guerre et enfin une série d'essais biographiques. L'ensemble est solide et donne un aperçu très pointu sur certains aspects de l'histoire du PCB qui permettent d'appréhender la richesse et la particularité du communisme belge.


De nombreux thèmes sont ainsi abordés comme les rapports entre le PCB et le PCF, les élections communales, le théâtre populaire, les rapports avec les socialistes sous l'Occupation. A travers ses nombreux prismes particuliers, Jose Gotovitch parvient à tracer une histoire du communisme belge et de son échec à s'implanter dans un monde ouvrier largement dominé par les socialistes. Il montre également la façon dont le Komintern, avec l'aide du PCF, impose son autorité au PCB après que la signature par les jeunes communistes belges d'un pacte d'unité d'action avec les socialistes mais aussi les trotskystes. Cette faute, un crime pour les staliniens, entraine l'envoie en Belgique de deux délégués du Komintern dont Andor Berei, pour reprendre en main la section belge. Jose Gotovitch montre également comment le PCB échoua à la Libération à transformer en mouvement de masses le rassemblement qu'il avait opéré autour de lui durant la Résistance, échec qui transforme le PCB en quasi-groupuscule quand advient la guerre froide.


Malgré des effectifs réduits, le PCB a néanmoins marqué le destin de la gauche belge et joué dans l'histoire du royaume un rôle, certes intermittent, mais continu. Le livre de Jose Gotovitch est une lecture indispensable et le lecteur, s'il peut regretter la place réduite qui est faite à la période postérieure à 1945, ne peut que souhaiter qu'il ne soit qu'une étape avant la publication d'une grande synthèse sur l'histoire du communisme belge.

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communismeetconflits - dans Communisme belge
19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 10:04

 

couv_269.jpgLa dernière livraison de la Revue historique des Armées (numéro 269 de décembre 2012) consacre un épais dossier à l'étude de l'image de l'ennemi. Parmi les articles consacrés à cette thématique signalons en deux qui intéresse plus particulièrement notre domaine.

 

D'abord celui de Nicolas Texier, " « L'ennemi intérieur » : l'armée et le Parti communiste français de la Libération aux débuts de la Guerre froide" qui analyse la perception que les militaires ont des communistes à un moment charnière de l'histoire politique française. Entre la Libération et le début des années 1950, le PCF, de parti de gouvernement qui propose l'instauration d'une armée nouvelle et populaire, devient rapidement, aux yeux des autorités et d'une grande partie de l'opinion, l'ennemi intérieur. La lutte contre la subversion communiste devient alors la doctrine de l'armée et conduit à des dérives policières que fera disparaître en 1962 le général de Gaulle. L'article est solide, convaincant et bien documenté

 

Le second article est celui de Benoit Haberbusch, "Dans l'intimité du Viet-Minh, les images capturées par le garde Le Bris". L'auteur analyse ici les images d'un album de 79 photographies prises par le Viet-Minh en 1947-1948 et trouvées par un garde républicain lors d'une opération prés de Saïgon. L'album est conservé au Service historique de la Défense et présente visuellement les différents aspects de la guerre révolutionnaire que mènent alors les combattants vietminhs. C'es passionnant et le lecteur ne peut dès lors que souhaiter la publication commentée de ces photographies.

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communismeetconflits - dans Divers
18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 09:24

Dan Berger, Weather Underground. Histoire explosive du plus célèbre groupe radical américain, Éditions L’Échappée, Collection « Dans le feu de l’action », Montreuil, 2010.

 

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Presque inconnu en France le Weather Underground fut l'un des plus importants groupes contestataires américains de la fin des années 1960 et des années 1970. Son originalité est d’être constitué d'étudiants blancs majoritairement issu de la classe moyenne. Pour les autorités américaines, ses caractéristiques rendent d'autant plus dangereux un mouvement qui se veut ouvertement révolutionnaire, souhaite renverser le gouvernement et soutient activement les mouvements d'émancipation des minorités ethniques.


Le Weather Underground nait de la colère de jeunes blancs, membres du SDS (Students for a Democratic Society) devant l'inaction de la gauche officielle alors que le gouvernement américain mène une politique belliqueuse et répressive. Les violences policières au moment de la convention démocrate de Chicago en 1968 radicalisent des jeunes qui veulent désormais rendre coup par coup. Les membres du Weather Underground entrent alors dans la clandestinité et multiplient les attentats contre des bâtiments emblématiques comme le Capitole ou le Pentagone et cela sans jamais faire victimes.


L'auteur montre également que derrière le discours émancipateur, le Weather Underground est soumis aux mêmes contraintes que les autres groupes révolutionnaires de l'époque: autocritiques violentes, scission permanente, machisme. Mais ce groupuscule fait aussi la preuve d'un véritable sens de la communication avec la sortie en 1970 d'un communiqué intitulé: Déclaration d'un état de guerre, puis la publication clandestine d'un livre Prairie Fire et d'une revue Osawatomie.


Le livre repose sur la consultation de nombreuses archives et journaux d'époque. Mais Dan Berger a également rencontré de nombreux anciens militants du Weather Underground dont David Gilbert qui purge toujours une peine de prison à Attica depuis 1981 pour la mort d'un convoyeur de fonds et de deux policiers lors d'un braquage.


Le livre de Dan Berger ne cherche pas seulement à faire le récit d'une organisation terroriste mais prend également soin d'explorer la pensée et la réflexion d'un mouvement qui ne cesse d'évoluer. Si l'auteur est avant tout un militant et se montre favorable au Weather Underground, s'appuyant d'ailleurs un peu trop sur les témoignages des anciens membres, il parvient néanmoins à conserver une certaine distance critique avec son sujet et donne ainsi à son ouvrage le caractère d'un travail historique de qualité.


L'ouvrage donne les biographies des anciens militants interrogées ainsi qu'une solide bibliographie et une chronologie. L'ensemble permet de mieux mesurer l'intensité de la remise en cause du modèle américain dans une grande partie de la jeunesse au tournant des années 1960 et 1970.

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communismeetconflits - dans Communisme aux Etats-Unis
17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 09:11

« Général dans trois armées », tel est le titre de gloire de Karol Swierczewski qui a effectivement été officier supérieur respectivement dans l'armée soviétique, l'armée républicaine espagnole et pour terminer l'armée polonaise. Voici donc un destin original mais pas forcément singulier. Le maréchal Rokossovski, lui aussi Polonais de naissance, a dirigé les armées soviétiques puis polonaises. L'internationalisme militaire, qui sous-tend ces parcours, est néanmoins une spécificité du mouvement communiste international où l'idéologie prime la nation et où le monde se divise en deux : les communistes et les autres, tous ennemis à différents titres. Retracer le destin de Karol Swierczewski c'est donc nécessairement parcourir l'histoire du communisme et surtout mettre à jour son indissociable aspect guerrier et militaire.

 

Au service de la Révolution.

Karol Swierczewski est né à Varsovie le 22 février 1897 dans une famille ouvrière. A la fin de l'école primaire, à l'âge de 12 ans, il devient apprenti tourneur. Sa vie bascule en septembre 1915 quand les troupes du Kaiser Guillaume II pénètrent en Pologne et que l'usine Gerlach, où il est alors assistant tourneur, est transférée par les autorités russes à Kazan. Karol, ainsi que le reste de sa famille, se retrouve alors en Russie. En janvier 1916 le jeune Swierczewski est tourneur à l'usine Provodnik de Moscou avant d’être incorporé dans l'armée russe.


En 1917, au moment de la Révolution d'Octobre, il retourne à Moscou et soutient les bolcheviks. Pour expliquer ce choix et surtout lui donner un fondement politique les biographies parues en Pologne communiste avancent que Swierczewski aurait été en Pologne membre du SDKPiL, la Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie, un parti dont l'internationalisme intransigeant doit beaucoup à deux de ses principaux dirigeants, Karl Radek et Rosa Luxemburg. Rien n'est moins sûr. A Moscou, Swierczewski devient garde rouge dans le quartier de Lefortovo avant de rejoindre l'Armée rouge en 1918 avec qui il combat d'abord les mouvements antibolcheviques dans la région de Moscou.


Swierczewski est ensuite envoyé sur le front sud où il affronte les troupes blanches commandées par Alexei Kalédine et les unités de l'hetman Skoropadsky en Ukraine. En novembre 1918 il entre au parti bolchevik et entame son ascension dans la hiérarchie militaire. En 1919, Swierczewski commande une compagnie du 123° régiment d'infanterie de l'armée rouge qu'il dirige notamment lors de la bataille du Donets face aux troupes de Krasnov et Denikine. Pour son action durant la guerre civile il est nommé chef de bataillon et reçoit en 1920 l'Ordre du Drapeau rouge.

walteren1920                                          Swierczewski jeune soldat de l'armée rouge, 1920.


Durant la guerre entre la Russie bolchevique et la Pologne, qui débute au printemps 1920, Swierczewski demande à combattre et rejoint l'armée de Toukhatchevski. Il dirige alors le 5° bataillon du 57° régiment d'infanterie. En juin il est blessé à deux reprises lors de la bataille de Chobnoje et de juillet à octobre 1920 il se trouve à l'hôpital pour soigner ses blessures.


En octobre 1920 Swierczewski devient commandant d'un bataillon de tirailleurs à Arkhangeslsk, puis il part suivre un cours à l’École supérieure d'infanterie avant de devenir en février 1921 commissaire politique de l'école polonaise des Communards rouges à Moscou.

Quand éclate l'insurrection paysanne dirigé par Antonov dans la région de Tambov, il reprend du service actif et participe à l'écrasement de la rébellion. Il est ensuite envoyé à l’École supérieure des commandants de régiment d'infanterie dont il sort diplômé en 1924. Il intègre alors l'académie militaire Frunze dont il sort diplômé en 1927.

Walteretsonepouse.jpg                                         Swierczewski et son épouse dans les années 1920.


En sortant de l'académie Frunze, Swierczewski devient chef d'état-major d'un régiment de cavalerie puis en 1929 il intègre le 4° bureau de l'état-major général de l'armée rouge et devient ainsi officier des renseignements militaires soviétiques. Il travaille à ce poste jusqu'en 1931 avant d’être mis à la disposition de l'état-major général. C'est dans ce cadre qu'il dirige, au sein de l'école militaire et politique, la formation des militants communistes de la section polonaise du Komintern qui ont été choisir pour devenir les agents du GRU/NKVD en Pologne.

 

Le général Walter en Espagne.

Le soulèvement des troupes nationalistes espagnoles contre le gouvernement républicain en juillet 1936 marque un tournant dans la vie de Swierczewski puisqu'en octobre 1936 il est envoyé en Espagne sous le nom de général Walter. Son rôle est important puisqu'il participe au comité d'organisation des Brigades internationales qui se transforme rapidement en conseil militaire.


Il prend ensuite le commandement de la 14° Brigades internationale, qui compte 3 000 combattants et comprend les bataillons français, « La Marseillaise » et « Henri Barbusse ». Cette prédominance française explique que le commissaire politique de la brigade soit  le Français André Heussler. En décembre 1936 la brigade part en Andalousie pour bloquer la progression nationaliste en direction d'Andujar. Elle mène de dure combat autour de Lopera mais parvient à sauver la ville de Jaen. C'est lors de cette opération que Delassale, le commandant du bataillon « La Marseillaise », est condamné à mort et exécuté pour trahison. Swierczewski se fait alors connaître par ses méthodes répressives et son goût de l'alcool. Il se lie également d'amitié avec l'écrivain américain Ernest Hemingway à qui il sert de modèle pour le personnage du général Golz dans Pour qui sonne le glas.

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                                             Le général Walter en Espagne, 1937.


Au début juin 1937, Walter est mis à la tête de la 35° division qui comprend la 14° brigade, désormais dirigée par le Français Jules Dumont. La division est alors engagée dans une offensive dans la sierra de Guadarrama, en direction de Ségovie, dans le but de soulager le front nord où les nationalistes menacent Bilbao. Si en Andalousie, Walter a laissé ses volontaires encore inexpérimentés se faire massacrer, il ne recule pas à nouveau à sacrifier ces hommes lors de cette offensive qui se solde par un échec. La dureté de Walter, qui n'hésite pas à donner l'ordre de mitrailler ceux qui reculent et d'abattre les fuyards, provoque des remous au sein des brigades. Le 6 juin il est relevé de son commandement opérationnel. En juillet la 35° division participe à la grande offensive sur Brunete, opération qui de nouveau saigne à blanc les Brigades.


Walter quitte l'Espagne début mai 1938, après la déroute d'Aragon, et rejoint l'URSS en juin. De retour en Union Soviétique, Swierczewski est mis à la disposition du bureau du personnel du commissariat du peuple à la Défense. Il est également décoré de l'Ordre de Lénine et de l'Ordre du Drapeau rouge. Il reste pourtant inactif pendant environ un an et rédige un mémoire sur les combats en Espagne. Il échappe aux purges, contrairement à son frère Maximilien qui a été arrêté par le NKVD avant d’être libéré en 1940. Swierczewski retrouve en 1940 un poste d'enseignant à l'Académie Frunze, poste qu'il occupe jusqu'en 1941.

 

Face à l'Allemagne nazie

En juin 1941, après le déclenchement de l'attaque allemande contre l'URSS, il demande en tant que major-général à rejoindre le front. Si le commandement soviétique connait son incompétence et son alcoolisme, le général Joukov ne veut pas déplaire à Staline qui a personnellement appuyé pour que Swierczewski serve en première ligne. Ce dernier est alors nommé commandant de la 248° division d'infanterie. Son ivresse chronique a des conséquences catastrophiques comme le montre le général Berling dans ses mémoires. Ses erreurs de commandement, aggravé par son penchant pour l'alcool, conduisent en effet la division à la déroute. En novembre 1941 elle se retrouve encerclée dans la poche de Viazma et anéantie. Swierczewski parvient pourtant à survivre et au bout d'un mois il rejoint les lignes soviétiques. Victime d'une pneumonie il est hospitalisé à Moscou et mis à la disposition du général Rokossovski .


A sa sortie de l’hôpital Swierczewski est chargé de l'instruction des soldats à l'école d'infanterie d'Achinsk en Sibérie, puis de février 1942 à juin 1943 il dirige l’École militaire de Kiev.

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                            Swierczewski en uniforme de l'armée rouge.


En aout 1943 Swierczewski est choisi par Staline pour participer à la mise sur pied de l'armée populaire polonaise en territoire soviétique sous les ordres du général Berling. La 1° division d'infanterie polonaise devient bientôt un corps d'armée et Swierczewski en devient le commandant en second.


En janvier 1944 Swierczewski entre au bureau central des communistes polonais en URSS. En mars 1944 il est nommé général de division et s'occupe plus particulièrement de l'intendance de la 1° armée polonaise. Mais son alcoolisme persistant et son mépris pour les conditions de vie des soldats provoquent de nombreux conflits avec Berling. Il est écarté de son poste de septembre à décembre 1944 au moment de la formation de la 2° armée polonaise dont il a pourtant pris le commandement en aout. Fin décembre 1944 il reprend la tête de la 2° armée polonaise qui n'est pourtant opérationnelle qu'à partir de janvier 1945. Là il se fait encore remarquer pour son incompétence et sa dureté. De nombreuses controverses existent ainsi sur son rôle dans les jugements que rendent les cours martiales de la 2° armée à Lublin contre des anciens membres de l'Armée secrète, l'AK.


Fin février 1945, la 2°armée renforce le 1° front biélorusse autours de Gorzov en Poméranie, puis en mars elle rejoint le 1° front ukrainien au nord de Breslau en Silésie. En avril, en préparation de la prise de Berlin, les Polonais se regroupent en Lusace sur les bords de la Neisse.


Ils reçoivent alors pour mission d'avancer sur Bautzen et Dresde le 16 avril. L'armée franchit la Neisse, mais désobéissant aux ordres de Koniev, Swierczewski avance sur Dresde sans protéger son flanc sud. Les Allemands, conscients de la brèche dans le dispositif polonais, se regroupent et contre-attaquent. Les lignes de communication et d'approvisionnement des Polonais sont vite coupées, des unités sont encerclées et détruites. La 2° armée doit reculer et les Allemands reprennent Bautzen. Seuls l'arrivée de renforts soviétiques parvient à éviter un désastre. L'incompétence de Swierczewski mais également ses nombreux conflits avec ses subordonnés sont responsables des pertes énormes lors de cette bataille qui devient d'ailleurs l'une des plus coûteuses en termes de pertes humaines de l'histoire militaire polonaise.


En mai 1945, la 2° armée participe à la dernière grande offensive soviétique de la guerre en Europe en direction de Prague. Les Polonais prennent ainsi part en Tchécoslovaquie à la libération de Melnik prés de Prague.

Polonaisamoscou1945.jpg                        Troupes polonaises au défilé de la Victoire à Moscou, juin 1945.

 

Héros de la Pologne communiste.

Le 11 mai 1945 Swierczewski est nommé général de division et le 3 juin inspecteur général de l'armée chargée des forces polonaises à l'étranger. A ce titre il est nommé en septembre 1945 commandant de l'armée polonaise en Occident avec la mission de rapatrier en Pologne les unités qui ont combattu dans les armées anglo-saxonnes. Mais face à l'opposition du gouvernement britannique le commandement de l'armée polonaise en Occident est supprimé. Swierczewski devient alors commandant du 3° district militaire à Poznan puis en février 1946 vice-ministre de la Défense nationale.


Sur le plan politique il entre en août 1944 au comité central du Parti ouvrier polonais et devient membre du Conseil national. En 1947, à la suite des élections manipulées par les communistes, il entre à la Diète législative où il fait figure de parfait stalinien.

walter1947.jpg                                           Swierczewski en 1947.


En mars 1947 il visite le sud-est de la Pologne et notamment les troupes qui, dans les montagnes de Bieszczady, affrontent régulièrement les insurgés ukrainiens nationalistes de l'UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne). Le 28 mars alors qu'il se rend en voiture à Cisna pour inspecter les gardes-frontières il trouve la mort lors d'une embuscade tendue à Jablonski, prés de Baligrod, par une unité de l'UPA.


Malgré l'envoi d'une commission d’enquête, cette mort est l'objet de multiples controverses, d'autant que pour certains historiens elle tombe au bon moment pour le gouvernement afin de servir de prétexte au déclenchement de l'opération Vistule, c'est à dire la déportation de 150 000 Ukrainiens vers l'ouest et le nord de la Pologne afin de démanteler définitivement l'UPA.


Après sa mort, le gouvernement fait de Swierczewski un héros national et une icône de la propagande communiste. Les conditions de sa mort, face à l'ennemi, le transforment en martyr. Son nom est alors donné à des rues, des écoles, des entreprises. Des livres à sa gloire sont publiés qui popularisent les légendes et les mythes du général des trois armées, bien loin de la vérité historique. En 1953 un film sur sa vie est réalisé et à partir de 1967 son portrait est même porté sur les billets de 10 zlotys.


Son rôle historique est largement revisité après la chute du régime communiste en Pologne. En 2003 la principale organisation polonaise d'anciens combattants demande à l'Institut de la mémoire nationale-Commission de poursuite des crimes contre la nation polonaise d’enquêter sur les crimes commis par Swierczewski. Les lieux publics qui portaient son nom ont été débaptisés depuis 1990. Mais si sa statue érigée à Poznan est déboulonnée en 2009 celle qui se trouve à Bieszczady est toujours en place, la population s'est en effet majoritairement exprimée contre son démontage.

 

Bibliographie.

Les ouvrages concernant Karol Swierczewski sont essentiellement écrit en polonais.

Saturnina Leokadia Wadecka, Generał Karol Świerczewski "Walter": 1897-1947, Wydaw Ministerstwa Obrony Narodowej, Warszawa, 1976

Lech Wyszczelski, Generał broni Karol Świerczewski Walter, Wydawnictwo MON, Warszawa, 1987.

(Ces deux ouvrages parus en Pologne communiste avant 1989 sont avant tout des œuvres de propagandes mais restent néanmoins utiles pour fixer les grandes lignes de la vie de Swierczewski).

Czesław Grzelak, Henryk Stanczyk, Stefan Zwoliński, Bez możliwości wyboru. Wojsko Polskie na Froncie Wschodnim 1943–1945, Bellona, Warszawa, 1993 (ce livre retrace sans complaisance l'histoire des forces polonaises sur le front de l'Est et le rôle tenu par Swierczewski).

Zygmunt Berling, Wspomnienia, Polski Dom Wydawniczy, Warszawa, 1990, (les mémoires du général Berling, parus seulement après la chute du régime communiste).

Mariusz Patelski, « Karol Świerczewski Walter – komunista i generał » dans  Historia, n°32, 1996, pp. 73–82. 

Grzegorz Motyka, W kręgu "Łun w Bieszczadach", Rytm, 2009 (Sur la mort de Swierczewski)

Antonina, Marta y Zosia Swierczewski, Soldado de tres ejércitos. Karol Swierczewski, General Walter, Asociación de Amigos de las Brigadas Internacionales, Madrid, 2007, (Ce livre est la traduction en espagnol d'un livre paru en Russie en 1993 ecrit par des membres de la famille du général Swierczewski dont sa fille).

Remy Skoutelsky, L'Espoir quidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades internationales, 1936-1939, Grasset, Paris, 1998 (Sur le role de Walter en Espagne).

 

David FRANCOIS

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communismeetconflits - dans Etudes historiques
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 09:22

war_soviet_KV1_1941.jpgSignalons la parution sur le blog Militum Historia d'Adrien Fontanellaz (que nous ajoutons à la liste des liens) d'un article de Stéphane Mantoux sur le rôle des chars KV-1 lors de l'attaque allemande de l'été 1941: "Kolobanov le Valeureux: les KV-1 dans la tourmente". L'auteur démontre brillamment, à travers l'action que mène le lieutenant Kolobanov devant Léningrad (épisode quasiment inconnu en France), que les tankistes soviétiques se sont valeureusement battu et que dès l'été 1941 les germes d'un renouveau de l'Armée rouge sont déjà présents. Ce travail est d'autant plus précieux qu'il tranche avec une historiographie qui donne encore la part belle au camp allemand lors de l'opération Barbarossa et donne à voir les premiers mois de la guerre du coté russe. A lire !


Nous découvrons également la parution ce jour, sur le site Historicoblog(3) de la première partie d'un article de Stéphane Mantoux sur la bataille de Khalkhin-Gol en Mandchourie où s'affrontent en juillet 1939 forces soviétiques et japonaises: "Bloody Rising Sun: les Japonais et le combat tactique à Khalkhin-Gol/Nomonhan". Dans ce premier opus l'auteur présente de manière claire et informée les enjeux de cette bataille, les forces en présence et les premiers affrontements. Même si, comme l'indique le titre de ce travail, la bataille est vue essentiellement du coté japonais, la suite de l'article est attendu avec impatience !

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communismeetconflits - dans Union soviétique et Russie
15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 09:01

Dmitri Perchine, L’Épopée du baron Ungern-Sternberg en Mongolie. Mémoire d’un témoin sur le temps des troubles en Mongolie Extérieure (1919-1921), traduit du russe et présenté par Dany Savelli, Éditions La Lanterne Magique, Besançon, 2010.

 

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Il arrive que les petites maisons d'édition soient à l'origine de la découverte de petites merveilles. C'est ici le cas avec les éditions de la Lanterne Magique, basées à Besançon, qui publie l'ouvrage de Dmitri Perchine  Mémoire d’un témoin sur le temps des troubles en Mongolie Extérieure initialement publié en Russie en 1999. Derrière ce titre se cache en fait un récit de l'épopée du baron Ungern-Sternberg. Ce dernier a déjà inspiré un assez grand nombre d'écrits, notamment un album magnifique dans la série des Corto Maltese d'Hugo Pratt. Un tel personnage est d'ailleurs entouré de toutes sortes de légendes où il est bien difficile de faire la part des choses entre la réalité et le mythe.


Issu de la noblesse balte, Ungern-Sternberg, après avoir combattu dans les armées du Tsar, rejoint le camp des Blancs dans la guerre civile russe. Adversaire résolu des bolcheviks, il lève une armée dans un territoire de légende aux confins de la Sibérie et d'une Mongolie où domine encore une théocratie bouddhiste. La première partie du texte est d'ailleurs consacrée à la présentation de la situation politique et sociale en Mongolie de 1911 à la veille de la prise de la ville d'Ourga (actuellement Oulan-Bator) par Ungern. La deuxième partie détaille l’aventure du baron, de la prise d’Ourga à son exécution en Russie.


Avec sa Division asiatique de cavalerie, Ungern chasse les Chinois de Mongolie et installe son pouvoir. Il semble qu'il veuille alors fonder un empire asiatique pour lutter à la fois contre le communisme et plus généralement l'Occident matérialiste. Il lance ses troupes contre l'Armée rouge en Sibérie mais il ne peut, malgré ses talents militaires, vaincre des Soviétiques qui ont déjà gagné la guerre civile et qui disposent de troupes modernes et supérieures en nombre. Trahi, Ungern est capturé, jugé et exécutée par les bolcheviks en septembre 1921.


Les grands traits de la vie d'Ungern son déjà bien connu, mais Perchine, en livrant un témoignage mesuré, tente aussi de démêler les faits de la légende. Il montre ainsi qu'Ungern n'est pas le baron fou et sanguinaire que certains présentent, ni même un homme de paille du Japon ou une sorte de héros pré-fasciste.


D'une lecture agréable, cet ouvrage qui permet de mieux comprendre à la fois la vie d'Ungern mais également le passage de la Mongolie sous la domination soviétique, est servi par un appareil scientifique détaillé et une postface de Dany Savelli qui fait le point des connaissances sur le baron Ungern et montre l'apport du témoignage de Perchine pour la compréhension du personnage. Le livre comprend également une riche iconographie.


Ce petit livre, de format poche, est donc à la fois une réussite par son contenu et sa forme. Sa lecture est indispensable pour ceux qui s’intéressent à la vie du Baron Ungern-Sternberg mais également à l'histoire de la guerre civile russe et plus largement à l'histoire de l'Asie centrale.

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communismeetconflits - dans Guerre civile russe.
14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 09:26

Voici un court aperçu d'articles que nous avons remarqué dans deux magazines récents:


ligne-de-front_n-40_decembre-2012.jpgLe numéro 40 de Ligne de front présente dans sa dernière livraison deux articles ayant pour théâtre d'opération le front de l'Est: le premier, par Benoist Bihan, est la suite d'un précédent numéro et relate les combats que mène la 6° SS-Panzer Armee en Hongrie en 1945.

Le second article, signé par Alexandre Thers, se consacre à étudier l'action des pionniers allemands lors de la bataille de Koursk.

Ces deux articles sont sérieux et bien écrits en attendant la publication de sujets similaires sur le côté soviétique. A noter le dossier très original concernant les craintes de l'opinion américaine face à une possible attaque de l'Axe sur le sol des États-Unis et les rares tentatives pour leur donner une réalité.


 

 

 

2guerremondiale047.jpgLe magazine 2éme Guerre mondiale propose dans son numéro 47 un article de Franck Ségrétain particulièrement intéressant sur la politique des otages en France durant l'Occupation. La lecture de ce dernier, ainsi que la nécessité de soutenir un magazine qui ne se contente pas d'articles strictement militaires, rend l'acquisition de ce numéro indispensable.

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communismeetconflits - dans Divers

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  • : Blog destiné à publier des articles et travaux historiques concernant les relations entre communisme et violence au XX°siècle. Ce blog est ouvert à ceux qui voudront publier articles, notes, annonces de publications, de colloques ou autres concernant ce champs d'étude historique.
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Publications de David FRANCOIS

GuideICSerge Wolikow, Alexandre Courban, David François, Christian Oppetit, Guide des archives de l'Internationale communiste, 1919-1943, Archives nationales-MSH Dijon, Paris-Dijon, 2009. 

9782749110356Serge Wolikow (sld), Pierre Sémard, Le Cherche-Midi, Paris, 2007, (Rédaction du chapitre "La mise à l'écart (1929-1932)")

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